Au-delà des chiffres , alarmants, et du constat actuel d’un blocage du marché, quelles solutions peuvent être mises en place pour en sortir. C’est la question que nous avons posée à nos trois intervenants, professionnels de l’immobilier, lors de la conférence de présentation des chiffres d’activité du 3T2023.
« On entre dans une situation qui est extrêmement complexe. Aujourd’hui les entreprises de la promotion immobilière sont en souffrance lorsque des ventes ne se font pas sur le territoire. » Ce constat, c’est celui que Pierre Coumat, vice-président de la FPI Nouvelle-Aquitaine et directeur général du promoteur Altae, qui participait le 16 novembre à la table ronde de l’OISO.
Les chiffres d’activité du 3T2023 le montrent : les ventes sont en recul de 56% sur les 9 premiers mois de l’année comparé à 2022. Et la production n’y échappe pas non plus : « En volume de production, on a un vrai décrochage ces deux dernières années puisque là où on a des logements autorisés peu ou prou dans les mêmes niveaux qu’avant, on a des mises en chantier qui s’effondrent », commente Christophe Duportal, président de l’OISO. Déjà entre 2021 et 2022, on était à -22%, et les projections estimées porteraient le nombre de logements commencés cette année en Gironde à 7.400 unités. »
Selon Pierre Coumat, les entreprises du secteur de la construction commencent à pâtir de la situation et réduisent notamment leurs embauches. « La crise est extrêmement forte mais il y en a eu d’autres, et c’est dans ces moments-là qu’on doit se renforcer. L’élément positif, c’est qu’il y a une prise de conscience de tous les acteurs aujourd’hui, le dialogue est instauré et on travaille ensemble à trouver des solutions. »
Le logement social n’échappe pas à cette baisse d’activité. Les agréments, qui étaient au nombre de 10.000 en Nouvelle-Aquitaine avant Covid, n’ont jamais réussi à retrouver leur niveau d’avant : 9.000 en 2022, et aux alentours de 8.700 pour 2023. « Nous sommes incapables de répondre aux demandes aujourd’hui, explique Nicolas Blaison, directeur régional de l’Union régionale HLM Nouvelle-Aquitaine. Selon notre dernière étude, 6.400 logements sont aujourd’hui en suspens dans la région, ce qui montre que nous ne sommes pas capables d’être dans notre rôle contracyclique alors que le mouvement HLM l’était jusqu’à présent. »
Instaurer un dialogue pérenne
Comment relancer la production ? Pour Guillaume Seguy, vice-président de l’OISO en charge du terrain à bâtir, et directeur général adjoint du groupe SGE, une des solution est à regarder du côté des financements. « Il faut très vite remettre en fonctionnement le prêt à taux zéro. Aujourd’hui on a complètement oublié les zones non-tendues qui représentent beaucoup plus que les zones tendues, dans lesquelles le PTZ est appliqué. Il y avait un PTZ lorsque les taux étaient à1%, maintenant qu’ils sont supérieurs à 4% on n’en a plus ce qui est assez paradoxal. Aujourd’hui, 80% des Français veulent avoir une maison avec un bout de jardin, il ne faut pas l’oublier. » Et de poursuivre : « Mais avant tout, si on pouvait appliquer les plans locaux d’urbanisme , ce serait déjà très bien. Aujourd’hui lorsqu’on arrive devant un élu avec un projet en R+3, on repart avec un R+1. »
Pour Pierre Coumat, si une prise de conscience a bien eu lieu, elle doit déboucher sur un dialogue accru : « Je crois avant tout que si on se mettait autour de la table et qu’il y avait une volonté partagée de comprendre nos problématiques, si on pouvait rétablir la confiance de manière pérenne, ce serait bien. Ce n’est pas que quand ça va mal, qu’on doit se voir. » Il prône ainsi le droit à l’expérimentation, tant sur le zonage que sur une nouvelle manière d’habiter. Le leasing immobilier pourrait être une alternative. Je suis d’abord locataire, mes revenus augmentent ensuite et grâce à une option d’achat, je peux devenir propriétaire. Le BRS existe, pourquoi ne pas créer des établissements qui maîtrisent le foncier, pour que l’on ne finance que la partie bâtie ? »
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Photos: Julie Bruhier